Introduction
[haut]
La représentation la plus courante
considère le Fouta Djallon comme une région homogène et l’assimile aux
seuls hauts plateaux. C’est à la fois “le château d’eau de l’Afrique
de l’Ouest” avec ses plateaux échancrés de vallées, le pays des Peuls
et de leurs bœufs, le lieu de construction d’un Etat structuré
pré-colonial, un espace de fortes densités rurales et une terre
baignée d’Islam. Autrement dit, le Fouta Djallon serait simultanément
une région naturelle, historique, agricole, démographique... en somme
une région homogène, une “vraie” région. Cette perception est
confortée par le fait que la région dispose d’une dénomination propre,
“Fouta Djallon”, contrairement aux autres régions du pays pourtant
proclamées “naturelles” elles aussi: Guinée Maritime, Haute Guinée et
Guinée Forestière.

Il n’est pas innocent de la part des
pouvoirs coloniaux, puis de la Première République d’avoir rebaptisé
“Moyenne Guinée” ce qui correspondrait au Fouta Djallon.
Manifestement, pour le pouvoir politique, “le” Fouta Djallon passait
pour une région suffisamment homogène des points de vue géographique,
historique, ethnique, religieux, voire économique pour détenir une
identité susceptible de menacer à terme l’unité de la colonie puis de
la nation guinéenne. L’appellation plus neutre de “Moyenne Guinée”
permettait de gommer en partie cette représentation identitaire.
Cependant, rebaptiser ou redécouper un
espace ne suffit pas à en modifier rapidement ses représentations
géographiques. En fait, personne ne songe à imaginer que le Fouta
Djallon n’est pas une région, même si tout le monde est bien en peine
d’en tracer les limites. Cet espace recouvre t-il une réalité
historique, géologique, ethnique ou simplement administrative? La
façon la plus simple d’éluder la question est d’assimiler le Fouta
Djallon à la région administrative et soi-disant “naturelle” de
Moyenne Guinée.
(Source:
http://com.revues.org/document1038.html)
Les structures
pré-coloniales
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Après la fondation de l’Etat confédéral
théocratique du Fouta Djallon, l’Etat a été subdivisé en neuf
provinces ou diwé (en pular, singulier diwal) à savoir Bhuria, Fodé
Hadji, Fougoumba, Kébali, Koïn, Kolladhè, Labè, Timbi et Timbo. Chaque
chef de diwal exerçait son pouvoir avec une certaine autonomie
politique en relations avec le pouvoir central de Timbo, capitale du
Fouta Djallon. C’est ainsi que les modes de répartition et de gestion
des terres à l’intérieur d’un diwal dépendait exclusivement de la
compétence du chef de province. Le mot diwal ou province vient de
l’arabe «diwan». Il désigne, de quelque sorte, le contrôle d’une
armée, le registre ou le conseil d’empire. D’où le glissement du diwan
en arabe en diwal en peul. Le diwal n’avait aucune connotation
territoriale au départ. Il n’était qu’une simple division
administrative portant uniquement sur le contrôle des hommes. Il
regroupait un certain nombre de fidèles rattachés à un Karamoko ou
Marabout. Des hommes qui portaient généralement le titre Alfa ou de
Cerno.
C’est petit à petit en effet que la
notion de diwal a fini par recouvrir une dimension territoriale. Un
concept, avant la conquête des Peuls islamisés, que ne désignait que
des groupes sociaux sans aucun lien avec une organisation politiques à
base territoriale. Les hommes étaient rattachés entre eux mais non par
rapport à un territoire. Il apparaît que le diwal était avant tout un
groupement humain tournant autour d’une ou de plusieurs personnalités.
C’est avec la sédentarisation, que les Peuls du Fouta Djallon ont fini
par s’identifier à un terroir ou un territoire. Mais cette
sédentarisation s’est faite autour des hommes ou des clans. (Source:
Diop, Moustapha Réformes foncières et gestion des ressources
naturelles en Guinée. Karthala Editions, 2007.)
Les structures
coloniales
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Suite à un accord entre les puissances
coloniales de l’époque (France, Grande-Bretagne, Allemagne et
Portugal) en 1884-85 et à la conférence de Berlin, qui a reconnu les
«droits» de la France sur le territoire de la Guinée, cette dernière
est devenue colonie française en 1893. Elle fut intégrée, avec le
Sénégal, le Soudan français (Mali) la Côte d'Ivoire, à l’Afrique
Occidentale Française (AOF) en juin 1895, avec Saint Louis (puis
Dakar) comme capitale. La France imposa un système d'administration
coloniale identique à celui appliqué dans les autres territoires
africains de son empire colonial. L'émiettement en multiples
chefferies rivales facilita l'emprise française sur le pays. La Guinée
française devint par la constitution française du 7 octobre 1946 un
«territoire d'outre-mer».
La
suppression de la chefferie coutumière, réalise à la fin de 1957
sous le régime de la loi cadre, explique pour une large part
qu'ait été possible le vote négatif (c.-à-d. contre l’adhésion à
la communauté française) du 28 septembre 1958 qui décida de
l'indépendance de la Guinée. La chefferie coutumière jouait en
effet un rôle essentiel dans le système colonial français. Si
l'administration française avait supprimé les grands Etats et
les grandes chefferies (à quelques exceptions près),
l'administration au niveau des circonscriptions -
administratives inférieures, village et canton - était assurée
par l'intermédiaire de la chefferie. |

Dalaba - Ecole coranique |
Celle-ci, quelle que fut son origine
(anciennes dynasties ou créatures du régime colonial), n'était
considérée que comme instrument de l'administration, avec toutes ses
responsabilités, mais sans les avantages ou garanties qui sont
normalement celles des fonctionnaires. Sa puissance sociale et
économique était entièrement dans la dépendance de ses fonctions
administratives, sans qu'elle ait pu, en général, se constituer une
fortune privée ou des biens fonciers qu'elle aurait pu conserver en
dehors de ces fonctions. C'est ce qui explique que, une fois privée de
ses fonctions administratives, la chefferie ait pratiquement cesse
d'exister en tant que classe ou catégorie sociale. La suppression de
la chefferie fut-elle, comme semblent le penser certains auteurs, une
simple mesure administrative, due uniquement a la volonté des
dirigeants guinéens, voire une mesure formelle sans efficacité réelle?
L'examen des archives locales de Guinée montre que la suppression de
la chefferie fut l'aboutissement d'un profond mouvement populaire, qui
des les élections législatives du 2 janvier 1956 avait pris un
caractère irréversible. L'arrêté du 31 décembre 1957 portant
suppression de la chefferie coutumière ne fit qu'apporter une sanction
légale a ce qui était déjà, sur la plus grande partie du territoire
guinéen, un fait accompli. (Source:
www.jstor.org/pss/180114)
Les structures
modernes
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Après l’accession du pays à
l’indépendance nationale en 1958, la République de Guinée, fermée au
reste du monde du fait d’un régime totalitaire, a vécu dans
l’immobilisme économique caractérisé entre autres par l’absence totale
d’initiative privée. Le Parti confondu à l’Etat qu’il domine dirigeait
l’ensemble des structures administratives à savoir les provinces, les
Régions Administratives, les Arrondissements et les Pouvoirs
Révolutionnaires Locaux (PRL). Cette situation a duré jusqu’en 1984,
date de la prise du pouvoir par l’armée guinéenne.
Ce changement de
régime ainsi intervenu permettra aux nouvelles autorités
guinéennes de réhabiliter le citoyen guinéen en lui restituant
ses droits fondamentaux à la liberté individuelle et collective,
à l’initiative privée, à la démocratie et au bien être. L’Etat
se démocratise avec l’élection du Président de la République au
suffrage universel direct et la mise en place de diverses
institutions démocratiques. |

Gouvernorat de Labé |
Auparavant, le Gouvernement avait
entrepris de profondes réformes institutionnelles structurelles et
économiques parmi lesquelles figure en bonne place la
décentralisation. La décentralisation guinéenne est en fait un projet
de société fondée sur les solidarités naturelles mises au service du
développement. Pour réaliser cet ambitieux programme, la Direction
Nationale de la Décentralisation, placée sous l’autorité du Ministre
de l’Intérieur et de la Sécurité, a été chargée de la conception et de
la mise en oeuvre de la politique de décentralisation.
C’est ainsi qu’est intervenue la
réorganisation de l’administration territoriale qui est désormais à
plusieurs niveaux à savoir:
-
Les districts ruraux (regroupements de
hameaux) et les quartiers urbains,
-
Les Communautés Rurales de
Développement (CRD) et les communes Urbaines (CU),
-
Les préfectures et la ville de Conakry
qui a un statut particulier,
-
Les régions qui sont circonscriptions
administratives.
Toutes les collectivités décentralisées
ont été mises en place selon un programme pluriannuel qui a commence
en 1986 et qui s’est achevé en 1992. Il s’agit jusqu’à nos jours de
1700 districts, 270 quartiers urbains et 303 CRD.
(Source: Adapté du site
www.unpan.org, le
16 mai 2008)
Pour ce qui concerne l’administration
territoriale moderne de la Moyenne Guinée (Fouta Djallon) on peut
noter, entre autres, qu’en 1980 le nom de la préfecture Youkoukoun (ou
Youkounkoun) a été transformé en Koundara, et qu’en 1985 les
préfectures de Koubia et Lélouma se sont séparées de la préfecture de
Labé.
La codification
territoriale
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De nombreux systèmes de codification
territoriale existent dans le monde. Le système le plus répandu est
celui de l’Organisation Internationale pour la Standardisation (ISO),
basé à Genève. Pour la Guinée, par exemple, on a établi un code ISO à
deux chiffres (GN) et un autre code ISO à trois chiffres (GIN). Le
code GUI est aussi utilisé, notamment par l’Union Internationale des
Télécommunications (UIT). Le code RG, qui désigne les véhicules
originaires de la Guinée, a été introduit en 1949 par les Nations
Unies.
Voici une liste synthétique des
préfectures et sous-préfectures de la Moyenne Guinée (Fouta Djallon)
avec des codes développés en fonction des normes ISO 3166-1 et 3166-2
(source:
www.statoids.com/ugn.html).
Fouta
Djallon: Nombre de ménages et population (1996)
Préfecture |
Nombre de
ménages |
Population totale
|
Dont hommes
|
Femmes |
%
Femmes |
Dalaba |
26.143 |
136.656 |
62.320 |
74.336 |
54,4 |
Gaoual |
20.654 |
137.624 |
66.315 |
71.309 |
51,8 |
Koubia |
14.974 |
91.882 |
41.966 |
49.916 |
54,3 |
Koundara |
14.312 |
90.230 |
43.750 |
46.480 |
51,5 |
Labé |
42.159 |
251.702 |
114.328 |
137.374 |
54,6 |
Lélouma |
23.906 |
137.273 |
58.486 |
78.787 |
57,4 |
Mali |
32.042 |
204.041 |
91.713 |
112.328 |
55,1 |
Mamou |
41.900 |
236.326 |
114.964 |
121.362 |
51,4 |
Pita |
43.501 |
239.236 |
105.834 |
133.402 |
55,8 |
Tougué |
16.573 |
114.647 |
52.565 |
62.082 |
54,2 |
Total |
276.164 |
1.639.617 |
752.241 |
887.376 |
54,1 |
Source : Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) 1996
Cartes
[haut]
Carte de la Moyenne Guinée
carte-moyenne-guinee <jpg>
100 Ko
Liens
[haut]
La fin de la chefferie en Guinée (1966)
www.jstor.org/pss/180114
Les Hubbu du Fûta-Jalon (1988)
www.jstor.org/pss/182349
Véronique André et Gilles Pestaña : Les visages du Fouta-Djalon. Des campagnes en mutation : Des représentations au terrain (2002)
http://com.revues.org/1038
Documents
[haut]
André, Véronique; Pestaña Gilles : Visages du Fouta-Djalon (2002)
Andre-Pestana-2002-visages-du-Fouta-Djallon.pdf <pdf> 163 Ko
Barry, Mamadou Saliou et Haidara, Abdoul Latif : Etude sur les projets et programmes évoluant dans la région administrative de Labé (06/2003)
Barry-Projets-programmes-Labe.doc <doc> 800 Ko
Diakité, Boubacar : Facteurs socioculturels et créations d’entreprise en Guinée. Étude exploratoire des ethnies peule et soussou. Laval, Québec (02/2004)
Diakite-2004-Facteurs-socioculturels.pdf <pdf> 1712 Ko
Diallo, Alpha Boubacar et Diallo, Boubacar Gaoual : Evaluation du niveau de connaissance et de participation des CRD à la mise en oeuvre de la SRP (région administrative de Labé). Version finale (02/2004)
Diallo-Evaluation-CRD-SRP.pdf <pdf> 645 Ko
Bah, Chérif Sala et Diallo, Alpha Boubacar : Atelier sur la Stratégie Régionale de Réduction de la Pauvreté dans la Région Administrative de Labé (07/2004)
Bah-Diallo-SRP-Labe.doc <doc> 520 Ko
Diallo, Elhadj Thierno Amirou : L’Unité d’Action du Fouta Djallon pour l’avènement d’une société démocratique en Guinée (04/2007)
Diallo-Unite-action.pdf <pdf> 14 Ko
Bennett, James : Présentation synoptique du secteur judiciaire dans la Région Administrative de Labé (11/2007)
Bennett-Secteur-judiciaire-Labe.pdf <pdf> 870 Ko
RA Labé : Stratégie régionale de réduction de la pauvreté (12/2007)
SRP-Labe-finale-12-07.pdf <pdf> 1,8 Mo
BRPD : Bulletin Statistique, RA de Labé (07/2008)
BRPD-2008-Bull-Stat-RA-Labe.zip <zip> 406 Ko
BRPD : Monographie de la Région administrative de Labé (11/2008)
BRPD-2008-Monographie-RA-Labe.doc <doc> 1,5 Mo
Diallo, Mamadou Cellou Gomba : Etude sur la pauvreté dans les quartiers périurbains de la Région Administrative de Labé (07/2009)
diallo-2009-quartiers-periurbains.pdf <pdf> 164 Ko
RA Labé : Rapport d'étape de mise en oeuvre (03/2010)
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BRPD : Bulletin des statistiques 2008-2009 (02/2011)
BRPD-2011-Bulletin-Statistiques-2009.pdf <doc> 1,0 Mo
[haut]
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